mercredi 19 décembre 2012

Vivre en étant spasmophile


VIVRE EN ETANT SPASMOPHILE

Spasmophilie et vie de famille

Lorsqu'une personne est spasmophile, elle peut, comme nous l'avons déjà expliqué, souffrir de différents symptômes, perte de la libido, impossibilité à éprouver du plaisir lors des rapports sexuels, et même impuissance pour certains hommes. Par ailleurs, la fatigue, les sautes d'humeur, les migraines, etc., peuvent générer un certain nombre de conflits sur le plan tant sentimental que sexuel.
Le spasmophile se sent souvent incompris dans son couple, et le partenaire, quand il ne développe pas un sentiment de culpabilité lié à cet état, risque d'en être exaspéré. Les conflits, par le stress supplémentaire qu'ils engendrent, ne font alors qu'accroître la spasmophilie.
Les enfants de spasmophiles risquent non seulement de devenir eux-mêmes spasmophiles, mais également de souffrir des conflits familiaux. Ils ont parfois l'impression d'être davantage un poids qu'une source de joie : ils sont trop bruyants, trop fatigants, etc. Il leur est bien difficile de comprendre ce que vit réellement le parent « malade ».
Il est donc très important que la spasmophilie soit détectée au plus vite et que le conjoint fasse preuve de patience et de compréhension. Il lui faut tenter d'expliquer aux enfants par des mots simples la souffrance de l'autre parent. Je conseille aux personnes qui vivent avec un spasmophile de se faire assister par un soutien psychologique si elles sentent que la situation leur devient insupportable. Elles doivent par ailleurs se ménager des espaces de décompression où elles peuvent souffler un peu, car encore une fois ce qui prime c'est d'éviter au maximum toutes les situations génératrices de stress.

Spasmophilie et vie professionnelle

Le milieu professionnel est source de grands stress — objectifs à réaliser, délais à respecter, collègues, hiérarchie et clients à supporter — particulièrement difficiles à surmonter pour un spasmophile. Pour qu'il se sente le mieux possible dans son travail, il doit se protéger des sources de stress inutile. Pour cela je lui conseille de faire preuve d'une organisation hors pair. Une bonne organisation permet ainsi de ne pas se laisser dépasser par le stress. Il existe aujourd'hui une foule de méthodes d'organisation. Le spasmophile doit choisir celle qu'il trouve la moins contraignante. Par exemple, il peut organiser ses tâches par ordre d'importance. Avant tout rendez-vous, il peut prévoir 10 minutes d'avance pour ne pas être stressé par l'idée d'être en retard, etc.
Le spasmophile doit également apprendre à dire « non » s'il se sent incapable de mener à bien un travail. Nul n'est tenu à l'impossible et il vaut mieux anticiper plutôt que de tenter de faire illusion et risquer de déclencher une forte crise de spasmophilie. Le spasmophile doit admettre qu'il n'est pas obligé d'être toujours parfait et qu'il est normal de temps à autre d'essuyer un échec.

Spasmophilie et vie sociale

La vie sociale du spasmophile est souvent très perturbée car, redoutant une crise, il n'ose plus sortir. Faire ses courses, aller au cinéma, se rendre à un dîner en ville où il va rencontrer de nouvelles personnes, prendre le métro ou sa voiture sont autant de situations qu'il appréhende et qui augmentent son anxiété. Tout ou presque devient un problème. De ce fait il se prive de sorties, de distractions et de loisirs, et vit replié sur lui-même. Par ailleurs, il lui est très difficile d'exprimer ses malaises car il a peur d'être incompris ou même de passer pour fou. La vie sociale du spasmophile est d'autant plus difficile qu'il a peur des situations nouvelles et s'y adapte mal. Je conseille donc aux personnes spasmophiles de parler ouvertement de leurs problèmes à un proche en qui elles ont confiance et qui ne les jugera pas. Cela leur permet de juguler leur anxiété et de limiter leur stress. Par ailleurs, la compagnie d'une personne qui les comprend les rassure et augmente ainsi leur champ d'action.

Spasmophilie et vie scolaire

La spasmophilie d'un enfant se répercute forcément sur son travail scolaire. Il a généralement du mal à se concentrer et à fixer son attention, et fait preuve d'une anxiété anormale lors des contrôles ou de certaines activités (sports, sorties, jeux, par exemple). Il ne parvient pas à exprimer ce qui ne va pas, est souvent fatigué et se plaint régulièrement de maux de ventre ou de tête.
Si votre enfant a été détecté comme spasmophile, je vous conseille d'abord d'être extrêmement vigilant sur son hygiène de vie. Il doit se coucher tôt et se nourrir à des heures régulières. Les séances prolongées devant la télévision, la console de jeu ou l'ordinateur sont encore plus préjudiciables que pour les autres enfants car cela augmente son hyperexcitabilité.
Veillez également à ne jamais le laisser partir à jeun à l'école ; il doit absolument prendre un petit déjeuner complet avec un apport en calcium et vitamines suffisant.
Pour les sports, optez pour les activités qui vont lui permettre de se détendre sans trop s'essouffler (facteur de déclenchement de crise) — la natation est particulièrement recommandée.
Faites-lui faire ses devoirs et ses leçons dans un endroit calme, et le plus tôt possible avant le coucher. Si vous rentrez tard de votre travail, inscrivez-le à l'étude.
Donnez-lui un léger traitement à base de plantes ou homéopathique. Vous pouvez aussi l'emmener consulter un ostéopathe ou un kinésithérapeute qui saura lui apprendre à se détendre et à gérer son stress.

Quand dois-je consulter ?


Si vous souffrez des troubles qui signent cette affection, rendez-vous chez un médecin pour qu'il en certifie le diagnostic et établisse au plus vite le traitement qui vous convient. N'attendez pas pour consulter : vous pouvez ainsi prévenir la survenue d'un épisode de décompensation provoqué par un stress intérieur ou extérieur dont l'intensité peut cependant être faible. J'insiste sur ce point : si la spasmophilie à elle seule n'entraîne que des troubles fonctionnels sans atteinte organique, le déséquilibre qu'elle crée durant de longues années, voire depuis toujours, risque d'engendrer des complications. La crise de spasmophilie en est une. Faute d'un traitement efficace, la répétition des crises use les résistances psychiques et même physiologiques, aboutissant au stade d'épuisement décrit par le Pr Michel Duc. À ce stade de décompensation totale, la vie du spasmophile se trouve limitée dans tous les domaines : professionnel, familial, affectif et social. Au cours de cette évolution, des signes dépressifs réactionnels apparaissent et s'aggravent, mais ils sont toujours secondaires à la spasmophilie. Enfin, l'organisme secoué pendant des années de spasmes et de contractions peut finir par s'altérer, c'est le cas par exemple dans les colites spasmodiques, certaines œsophagites et maladies de l'estomac.

Quels tests peuvent être pratiqués ?
Après vous avoir examiné et écouté, le médecin procède à plusieurs tests qui lui permettront d'affirmer que vous êtes spasmophile. Il peut également vous prescrire un électromyogramme et un bilan sanguin.

Le signe de Chvostek
Cet examen tout simple permet de mettre en évidence l'hyperexcitabilité neuromusculaire. À l'aide de son marteau à réflexes, le médecin frappe légèrement une de vos joues en un point situé sur le trajet du nerf facial, au niveau de la pommette. Votre bouche doit être entrouverte et molle. Si la commissure située du côté sollicité se relève brusquement, cela révèle une hyperexcitabilité neuromusculaire caractéristique de la spasmophilie.

L'électromyogramme
Cet examen, autrefois réputé douloureux, est devenu indolore. Il est pratiqué par un spécialiste et sert à détecter l'hyper excitabilité neuromusculaire. Il s'agit d'un enregistrement qui se déroule en deux temps. En premier lieu, une stimulation à l'aide d'électrodes des troncs nerveux moteur et sensitif (généralement de la main) indique la vitesse avec laquelle passe l'influx nerveux. Dans un second temps, une électrode placée sur un muscle de la main en enregistre l'activité.
L'étude du graphique permet, en dénombrant les pics, d'affirmer la spasmophilie et même son degré d'intensité en utilisant l'échelle EEHENM (Échelle d'Évaluation de l'hyperexcitabilité neuromusculaire) des Drs Bellaiche, Floresco et Houdret.

Les tests sanguins
Ils se pratiquent à jeun, dans un laboratoire d'analyses médicales. Ils mettent très souvent en évidence un déficit en calcium, phosphore et magnésium, facteurs aggravants de la spasmophilie. Le médecin en profitera certainement pour procéder à un bilan sanguin complet (formule, vitesse de sédimentation, glycémie, cholestérol...) afin de juger de votre état général.

Le signe de Trousseau
Cet examen n'est pas exactement destiné à étayer le diagnostic de spasmophilie mais plutôt à dépister la tendance à la tétanie fréquente chez les spasmophiles. Pour cela, le médecin vous enserre le bras avec un tensiomètre ou un garrot dans le but de provoquer une mini-crise de tétanie se traduisant par la contraction de l'avant-bras et de la main dans un mouvement d'enroulement, l'extrémité des doigts devenant blanche. Dès que le médecin retire l'instrument de compression, la contraction diminue pour disparaître complètement.

La crise de tétanie
C'est un accident spectaculaire qui pose souvent le problème du diagnostic différentiel entre la crise d'épilepsie, d'hystérie et de spasmophilie. La crise de tétanie survient chez des personnes en manque de calcium. Ce manque est souvent chronique, ce qui entraîne des troubles de tétanie latente pendant des mois, voire des années.
La crise aiguë se caractérise d'abord par des troubles sensitifs de la bouche, de la langue et des extrémités, puis par un spasme violent et douloureux des pieds et des mains, accompagné de douleurs musculaires dorsales et généralisées, et enfin d'un spasme déformant les traits du visage. Ces symptômes s'accompagnent parfois d'une légère altération de la conscience souvent due à la douleur. Ils disparaissent immédiatement avec une injection intraveineuse prudente et lente de calcium.