mercredi 19 décembre 2012

Vivre en étant spasmophile


VIVRE EN ETANT SPASMOPHILE

Spasmophilie et vie de famille

Lorsqu'une personne est spasmophile, elle peut, comme nous l'avons déjà expliqué, souffrir de différents symptômes, perte de la libido, impossibilité à éprouver du plaisir lors des rapports sexuels, et même impuissance pour certains hommes. Par ailleurs, la fatigue, les sautes d'humeur, les migraines, etc., peuvent générer un certain nombre de conflits sur le plan tant sentimental que sexuel.
Le spasmophile se sent souvent incompris dans son couple, et le partenaire, quand il ne développe pas un sentiment de culpabilité lié à cet état, risque d'en être exaspéré. Les conflits, par le stress supplémentaire qu'ils engendrent, ne font alors qu'accroître la spasmophilie.
Les enfants de spasmophiles risquent non seulement de devenir eux-mêmes spasmophiles, mais également de souffrir des conflits familiaux. Ils ont parfois l'impression d'être davantage un poids qu'une source de joie : ils sont trop bruyants, trop fatigants, etc. Il leur est bien difficile de comprendre ce que vit réellement le parent « malade ».
Il est donc très important que la spasmophilie soit détectée au plus vite et que le conjoint fasse preuve de patience et de compréhension. Il lui faut tenter d'expliquer aux enfants par des mots simples la souffrance de l'autre parent. Je conseille aux personnes qui vivent avec un spasmophile de se faire assister par un soutien psychologique si elles sentent que la situation leur devient insupportable. Elles doivent par ailleurs se ménager des espaces de décompression où elles peuvent souffler un peu, car encore une fois ce qui prime c'est d'éviter au maximum toutes les situations génératrices de stress.

Spasmophilie et vie professionnelle

Le milieu professionnel est source de grands stress — objectifs à réaliser, délais à respecter, collègues, hiérarchie et clients à supporter — particulièrement difficiles à surmonter pour un spasmophile. Pour qu'il se sente le mieux possible dans son travail, il doit se protéger des sources de stress inutile. Pour cela je lui conseille de faire preuve d'une organisation hors pair. Une bonne organisation permet ainsi de ne pas se laisser dépasser par le stress. Il existe aujourd'hui une foule de méthodes d'organisation. Le spasmophile doit choisir celle qu'il trouve la moins contraignante. Par exemple, il peut organiser ses tâches par ordre d'importance. Avant tout rendez-vous, il peut prévoir 10 minutes d'avance pour ne pas être stressé par l'idée d'être en retard, etc.
Le spasmophile doit également apprendre à dire « non » s'il se sent incapable de mener à bien un travail. Nul n'est tenu à l'impossible et il vaut mieux anticiper plutôt que de tenter de faire illusion et risquer de déclencher une forte crise de spasmophilie. Le spasmophile doit admettre qu'il n'est pas obligé d'être toujours parfait et qu'il est normal de temps à autre d'essuyer un échec.

Spasmophilie et vie sociale

La vie sociale du spasmophile est souvent très perturbée car, redoutant une crise, il n'ose plus sortir. Faire ses courses, aller au cinéma, se rendre à un dîner en ville où il va rencontrer de nouvelles personnes, prendre le métro ou sa voiture sont autant de situations qu'il appréhende et qui augmentent son anxiété. Tout ou presque devient un problème. De ce fait il se prive de sorties, de distractions et de loisirs, et vit replié sur lui-même. Par ailleurs, il lui est très difficile d'exprimer ses malaises car il a peur d'être incompris ou même de passer pour fou. La vie sociale du spasmophile est d'autant plus difficile qu'il a peur des situations nouvelles et s'y adapte mal. Je conseille donc aux personnes spasmophiles de parler ouvertement de leurs problèmes à un proche en qui elles ont confiance et qui ne les jugera pas. Cela leur permet de juguler leur anxiété et de limiter leur stress. Par ailleurs, la compagnie d'une personne qui les comprend les rassure et augmente ainsi leur champ d'action.

Spasmophilie et vie scolaire

La spasmophilie d'un enfant se répercute forcément sur son travail scolaire. Il a généralement du mal à se concentrer et à fixer son attention, et fait preuve d'une anxiété anormale lors des contrôles ou de certaines activités (sports, sorties, jeux, par exemple). Il ne parvient pas à exprimer ce qui ne va pas, est souvent fatigué et se plaint régulièrement de maux de ventre ou de tête.
Si votre enfant a été détecté comme spasmophile, je vous conseille d'abord d'être extrêmement vigilant sur son hygiène de vie. Il doit se coucher tôt et se nourrir à des heures régulières. Les séances prolongées devant la télévision, la console de jeu ou l'ordinateur sont encore plus préjudiciables que pour les autres enfants car cela augmente son hyperexcitabilité.
Veillez également à ne jamais le laisser partir à jeun à l'école ; il doit absolument prendre un petit déjeuner complet avec un apport en calcium et vitamines suffisant.
Pour les sports, optez pour les activités qui vont lui permettre de se détendre sans trop s'essouffler (facteur de déclenchement de crise) — la natation est particulièrement recommandée.
Faites-lui faire ses devoirs et ses leçons dans un endroit calme, et le plus tôt possible avant le coucher. Si vous rentrez tard de votre travail, inscrivez-le à l'étude.
Donnez-lui un léger traitement à base de plantes ou homéopathique. Vous pouvez aussi l'emmener consulter un ostéopathe ou un kinésithérapeute qui saura lui apprendre à se détendre et à gérer son stress.

Quand dois-je consulter ?


Si vous souffrez des troubles qui signent cette affection, rendez-vous chez un médecin pour qu'il en certifie le diagnostic et établisse au plus vite le traitement qui vous convient. N'attendez pas pour consulter : vous pouvez ainsi prévenir la survenue d'un épisode de décompensation provoqué par un stress intérieur ou extérieur dont l'intensité peut cependant être faible. J'insiste sur ce point : si la spasmophilie à elle seule n'entraîne que des troubles fonctionnels sans atteinte organique, le déséquilibre qu'elle crée durant de longues années, voire depuis toujours, risque d'engendrer des complications. La crise de spasmophilie en est une. Faute d'un traitement efficace, la répétition des crises use les résistances psychiques et même physiologiques, aboutissant au stade d'épuisement décrit par le Pr Michel Duc. À ce stade de décompensation totale, la vie du spasmophile se trouve limitée dans tous les domaines : professionnel, familial, affectif et social. Au cours de cette évolution, des signes dépressifs réactionnels apparaissent et s'aggravent, mais ils sont toujours secondaires à la spasmophilie. Enfin, l'organisme secoué pendant des années de spasmes et de contractions peut finir par s'altérer, c'est le cas par exemple dans les colites spasmodiques, certaines œsophagites et maladies de l'estomac.

Quels tests peuvent être pratiqués ?
Après vous avoir examiné et écouté, le médecin procède à plusieurs tests qui lui permettront d'affirmer que vous êtes spasmophile. Il peut également vous prescrire un électromyogramme et un bilan sanguin.

Le signe de Chvostek
Cet examen tout simple permet de mettre en évidence l'hyperexcitabilité neuromusculaire. À l'aide de son marteau à réflexes, le médecin frappe légèrement une de vos joues en un point situé sur le trajet du nerf facial, au niveau de la pommette. Votre bouche doit être entrouverte et molle. Si la commissure située du côté sollicité se relève brusquement, cela révèle une hyperexcitabilité neuromusculaire caractéristique de la spasmophilie.

L'électromyogramme
Cet examen, autrefois réputé douloureux, est devenu indolore. Il est pratiqué par un spécialiste et sert à détecter l'hyper excitabilité neuromusculaire. Il s'agit d'un enregistrement qui se déroule en deux temps. En premier lieu, une stimulation à l'aide d'électrodes des troncs nerveux moteur et sensitif (généralement de la main) indique la vitesse avec laquelle passe l'influx nerveux. Dans un second temps, une électrode placée sur un muscle de la main en enregistre l'activité.
L'étude du graphique permet, en dénombrant les pics, d'affirmer la spasmophilie et même son degré d'intensité en utilisant l'échelle EEHENM (Échelle d'Évaluation de l'hyperexcitabilité neuromusculaire) des Drs Bellaiche, Floresco et Houdret.

Les tests sanguins
Ils se pratiquent à jeun, dans un laboratoire d'analyses médicales. Ils mettent très souvent en évidence un déficit en calcium, phosphore et magnésium, facteurs aggravants de la spasmophilie. Le médecin en profitera certainement pour procéder à un bilan sanguin complet (formule, vitesse de sédimentation, glycémie, cholestérol...) afin de juger de votre état général.

Le signe de Trousseau
Cet examen n'est pas exactement destiné à étayer le diagnostic de spasmophilie mais plutôt à dépister la tendance à la tétanie fréquente chez les spasmophiles. Pour cela, le médecin vous enserre le bras avec un tensiomètre ou un garrot dans le but de provoquer une mini-crise de tétanie se traduisant par la contraction de l'avant-bras et de la main dans un mouvement d'enroulement, l'extrémité des doigts devenant blanche. Dès que le médecin retire l'instrument de compression, la contraction diminue pour disparaître complètement.

La crise de tétanie
C'est un accident spectaculaire qui pose souvent le problème du diagnostic différentiel entre la crise d'épilepsie, d'hystérie et de spasmophilie. La crise de tétanie survient chez des personnes en manque de calcium. Ce manque est souvent chronique, ce qui entraîne des troubles de tétanie latente pendant des mois, voire des années.
La crise aiguë se caractérise d'abord par des troubles sensitifs de la bouche, de la langue et des extrémités, puis par un spasme violent et douloureux des pieds et des mains, accompagné de douleurs musculaires dorsales et généralisées, et enfin d'un spasme déformant les traits du visage. Ces symptômes s'accompagnent parfois d'une légère altération de la conscience souvent due à la douleur. Ils disparaissent immédiatement avec une injection intraveineuse prudente et lente de calcium.



lundi 22 octobre 2012

Comment savoir si je suis spasmophile ?


COMMENT SAVOIR SI JE SUIS SPASMOPHILE ?

Si vous êtes accablé de nombreux troubles et que votre ou vos médecins peinent à en localiser la cause et à mettre en place un traitement satisfaisant, vous êtes peut-être spasmo­phile. Les points suivants peuvent vous aider à définir si c'est le cas :
- vos troubles sont apparus à partir d'une période (par exem­ple, à la puberté) ou d'une date précise (tel le jour d'une extraction dentaire) ;
- vos troubles sont fonctionnels, c'est-à-dire que vos organes sont en bon état - c'est pour cela que les méde­cins ont du mal à identifier la cause de vos troubles -, mais ils sont déréglés, ils fonctionnent « mal » (spasmes intesti­naux, palpitations, douleurs musculaires) 
- vos troubles sont variables : ils vont et viennent, disparais­sent et réapparaissent, mais vous n'êtes vraiment jamais très bien.
L'ensemble de ces symptômes peut générer à la longue une certaine anxiété, évoluant parfois vers une dépression nourrie par l'impuissance des méthodes classiques à guérir ces troubles.

Reconnaissez les signes de la spasmophilie
Les signes associés qui caractérisent la spasmophilie sont nombreux et variables selon le terrain de chaque individu. On en compte une cinquantaine, qui se répartissent dans huit grands groupes. La description des signes principaux et des caractéristiques de chacun de ces groupes vous aidera à les reconnaître facilement. Cette prise de conscience doit inter­venir le plus tôt possible pour agir avant la décompensation. En outre, quels que soient les signes que vous présentez, il convient toujours de consulter un médecin pour écarter une cause organique éventuelle avant de parler de spasmophilie.

La fatigue
C'est le maître symptôme. Le spasmophile se sent fatigué dès le matin. Toutefois, il est désireux d'accomplir les tâches qui l'attendent et se trouve partagé entre le désir d'agir qui l'habite et l'incapacité qui le frappe. Il lui semble qu'une chape de plomb l'empêche de se lever. Au cours de la journée, sa fatigue évolue en dents de scie, avec des pics situés généra­lement vers la fin de la matinée et de l'après-midi. Elle ne cédera curieusement que le soir. Comme dans le cas d'une dépression, la fatigue du spasmophile est extrême le matin et disparaît le soir, mais, à l'inverse du dépressif, le spasmophile lutte contre elle; il veut vivre, bouger et travailler.
Le sommeil du spasmophile est très souvent troublé. Il se carac­térise essentiellement par des difficultés à s'endormir et souvent par des réveils au cours de la nuit ou au petit matin. Ces insom­nies peuvent durer des années, sans autre cause, et génèrent une fatigue chronique.

L'anxiété
Le spasmophile est très souvent anxieux sans vraiment savoir pourquoi. Il vit sur un fond d'inquiétude diffuse en appréhendant les événements : c'est une anxiété d'anticipa­tion. Comme dans la fatigue, ce fond d'anxiété connaît par moments des points culminants où il cède la place à une véritable angoisse. À ce stade, diverses sensations phy­siques apparaissent (oppression, boule dans la gorge, ver­tiges, spasmes, etc.), ce qui peut déboucher sur la crise tant redoutée.

Les douleurs
Tous les spasmophiles ont eu ou auront mal au dos, et princi­palement dans les trapèzes. Ces douleurs sont causées par des contractures dues à leur état de tension musculaire. Leur intensité est variable d'une personne à l'autre et peut s'avérer invalidante. Noyés dans leur anxiété, les spasmophiles crai­gnent constamment une catastrophe qui leur fait rentrer la tête dans les épaules.

Les tressautements nerveux
Le spasmophile se plaint souvent d'avoir les mains qui trem­blent, le coin de la bouche et les paupières qui sautent, etc. Ce phénomène provient de la contraction spasmodique de petits muscles.

Les spasmes
Les spasmes sont nombreux et se situent souvent au niveau de la gorge, des intestins ou de l'appareil gynécologique; c'est la raison pour laquelle le spasmophile souffre souvent de maux de ventre, de règles douloureuses ou de l'impres­sion d'avoir une boule dans la gorge.

Les troubles circulatoires
Coeur qui s'emballe, palpitations, extrasystoles (contraction cardiaque), coup dans la poitrine : le système circulatoire du spasmophile est très facilement excitable. On observe même parfois une élévation anormale, mais transitoire, de la tension artérielle.

Les vertiges
Il est courant que le spasmophile se plaigne de sensations bizarres, telle l'impression que le trottoir sur lequel il marche
n'est pas droit. Il peut aussi craindre de tomber de sa chaise car il ne s'y sent pas en équilibre, et fréquemment il redoute de s'évanouir lorsqu'il se trouve dans un lieu public, une foule, au cinéma, etc.

Les signes annexes
Bien d'autres signes que ceux décrits ci-dessus peuvent être ressentis par le spasmophile : vue troublée, extrémité des doigts qui blanchit lorsqu'il fait froid, cystites à répétition, perte des cheveux, fragilité des ongles, etc. Enfin, libido et moral en berne sont malheureusement monnaie courante chez les spasmophiles.

La crise du spasmophile
C'est un accident aigu qui survient sur un fond de chronicité constitué par la triade infernale fatigue-insomnie-anxiété, accompagnée des « petits troubles divers ». À la suite d'un stress psychologique ou physique (deuil, séparation, perte d'emploi, maladie, accident de voiture, grand refroidissement ou coup de chaleur), les troubles apparaissent brutalement. Lorsque la crise survient, en quelques secondes le spasmo­phile étouffe, tremble, son coeur s'emballe, le sol se dérobe sous ses pieds et il croit parfois sa dernière heure arrivée - ce n'est jamais le cas. S'il se trouve dans un lieu public, la panique le jette dehors. S'il est dans un lieu privé, au bureau ou chez lui, il est paralysé ou pris d'agitation.

BON A SAVOIR !
Lors des premières crises de spasmophilie, c'est la panique, et parfois l'appel désespéré à un proche ou à un service médical d'urgence. L'habitude permet d'acquérir certains réflexes : res­ter au calme, respirer doucement dans un sac plastique et attendre une heure ou deux est souvent suffisant pour que tout rentre dans l'ordre.
La crise de spasmophilie est spectaculaire mais demeure un phénomène exceptionnel. Bien des spasmophiles ont passé leur vie sans souffrir de véritables crises mais simplement de périodes de décompensation, particulièrement au printemps et à l'automne. Ce qui empoisonne littéralement leur vie, c'est la répétition journalière pendant des années de la fatigue, de l'anxiété et de troubles multiples dont la cause demeure non identifiée.


Testez- vous !

Ces deux tests vous permettent de déterminer si vos malaises sont du ressort de la spasmophilie. Si les résultats de ces deux tests sont positifs (au moins quatre réponses positives pour le premier et « oui » aux deux ques­tions du second), vous souffrez bien de spasmophilie.
Test 1


Sensations de souffle coupé ou impression       
OUI
NON
d'étouffement


Sensations d'étourdissement, de vertige, de tête
OUI
NON
vide ou de perte de connaissance


Palpitations ou pouls rapide
OUI
NON
Tremblements ou secousses musculaires
OUI
NON
Transpiration
OUI
NON
Sensation de manque d'air ou d'étranglement
OUI
NON
Nausées ou gêne abdominale
OUI
NON
Douleur ou gêne gastrique
OUI
NON
Déréalisation (sentiment d'irréalité) ou
OUI
NON
dépersonnalisation (être détaché de soi)


Engourdissement ou picotements
OUI
NON
Bouffées de chaleur et/ou frissons
OUI
NON
Douleur ou gêne à la poitrine
OUI
NON
Peur de mourir
OUI
NON
Peur de devenir fou ou de perdre la maîtrise de soi
OUI
NON
        
Test 2


Ces symptômes sont-ils simultanés ?
OUI
NON
Ces symptômes atteignent-ils leur maximum
OUI
NON
dans une période de 10 minutes ?


                            
                            D'après : psychodoc.free.fr




 CE QUE N'EST PAS LA SPASMOPHILIE

La spasmophilie est souvent confondue avec d'autres troubles, pourtant bien distincts, mais qui ont en commun un certain nombre de signes. Il est très important que le médecin établisse le diagnostic différentiel car les traitements varient. Par exemple, la véritable dépression nécessite des antidé­presseurs alors que la « déprime » du spasmophile peut se soigner avec efficacité à l'aide de médecines douces et natu­relles. La dépression nerveuse et ses cousines, somatisation (troubles physiques provoqués par un trouble psychique) et hystérie, comptent parmi les troubles les plus souvent confon­dus avec la spasmophilie. Par ailleurs, la crise de spasmophi­lie ressemble parfois, au premier abord, à l'angine de poitrine, l'infarctus du myocarde, un syndrome abdominal aigu, etc.

La dépression
La dépression se caractérise par la perte du désir dans tous les domaines, souvent associée à un terrible sentiment de culpabilité et de dévalorisation de soi. Le déprimé fait preuve d'un abattement total, d'une sensation de douleur morale, d'une certaine tristesse et surtout d'une indifférence profonde au monde extérieur. Cette indifférence est à l'opposé de ce que ressent le spasmophile, qui est au contraire très sensible à tout ce qui l'entoure. Si certains signes sont communs comme la fatigue, parfois la tristesse, souvent le manque d'appétit et les troubles du sommeil, chez le spasmophile ils ne sont pas permanents et ont généralement une cause directe. Par exemple, le spasmophile est triste, voire déses­péré parce qu'il n'en peut plus de la répétition et de l'« incura­bilité » de ses troubles. Le dépressif, lui, ne sait pas d'où vient sa tristesse. Le spasmophile veut agir mais il ne le peut pas, le dépressif, lui, n'a rien envie de faire, il est en situation de survie. Le spasmophile n'a pas d'idées suicidaires, contraire­ment au dépressif dont le passage à l'acte est toujours à redouter. L'humeur du spasmophile parait changeante, car lorsque ses « symptômes » le laissent tranquille il est capable de concevoir des projets et de profiter d'un moment de plaisir. Le dépressif reste plusieurs mois dans un état malheureuse­ment stationnaire.

lundi 3 septembre 2012

Qu'est-ce que la spasmophilie ?


Cette affection existe dans tous les pays du monde, quels que soient le sexe et le milieu. Elle est cependant trois à quatre fois plus fréquente chez la femme, probablement en raison de l'imprégnation cyclique oestrogénique qui favorise son excitabilité neuromusculaire. Elle touche surtout l'adulte jeune, mais se rencontre aussi chez l'enfant, voire le bébé, et chez les personnes d'âge mûr - elle se raréfie cependant après 60 ans. L'enfant spasmophile a un comportement particulier, qui se traduit notamment par une irritabilité, des cauchemars, des rêvasseries et une instabilité psychomotrice. Environ un tiers des spasmophiles sont des hommes jeunes, les autres sont des femmes de tout âge dont les troubles s'estompent après la ménopause. La spasmophilie a volontiers un caractère familial, dont la transmission se fait par les femmes. L'enfant d'une personne spasmophile a deux risques sur trois de l'être à son tour.

Cette affection peut rester latente et muette pendant des années : il s'agit de la période « compensée ». La décompensation, provoquant l'apparition des troubles, se révèle presque toujours à la suite d'un événement déclencheur « traumatisant ». Ce terme vague doit être entendu dans un sens très large, psychoaffectif ou physique : cela va des chocs moraux - émotions vives, situation conflictuelle ou surmenage - à des agressions physiques tels un accident ou une intervention chirurgicale, même bénigne. Le facteur déclenchant peut être d'ordre physiologique, comme une croissance rapide, une grossesse ou l'allaitement, des diarrhées chroniques, des perturbations de l'alimentation, etc. Dans certains cas, la prise d'un contraceptif oral n'est certainement pas étrangère à l'aggravation des symptômes.

LE SAVIEZ-VOUS ?
Les troubles spasmophiliques varient en fonction des saisons, et tous les spasmophiles connaissent les aggravations du printemps et de l'automne. De même, dans la vie des spasmophiles existent des périodes d'accalmie où pendant des années les troubles s'amenuisent et souvent disparaissent. Ils sont cependant susceptibles de ressurgir à l'occasion d'une décompensation ultérieure consécutive à un facteur déclencheur.

Il n'y a pas de définition officielle de la spasmophilie, son nom même semble étrange puisqu'il signifie « ami des spasmes ». Il vaudrait mieux parler de « spasmopathie » car il s'agit plutôt de la « maladie des spasmes ». Je la définis comme un syndrome, ou ensemble de signes, neurovégétatif fondé sur l'hyperexcitabilité neuromusculaire due au déséquilibre entre l'orthosympathique et le parasympathique. Le système nerveux sympathique fait partie de notre système nerveux. On dit qu'il est « autonome » car il fonctionne de manière involontaire. Ce système est indispensable à de nombreuses activités physiologiques de notre organisme. C'est lui qui, par exemple, provoque l'accélération de vos pulsations cardiaques ou vous fait transpirer lors d'une situation de stress. Mais ce système nerveux sympathique est, comme d'autres mécanismes du corps humain, en équilibre avec un autre système, le système nerveux parasympathique. Les personnes qui souffrent d'un dérèglement de ce système sont plus réactives que d'autres aux situations de stress. Les personnes plus calmes bénéficient généralement d'un système parasympathique mieux équilibré, ou ont appris à se contrôler par des techniques comme la méditation, le yoga, etc. L'orthosympathique conditionne l'accélération et la dilatation des vaisseaux, des viscères, etc. Le parasympathique, lui, en régule la rétractation et le ralentissement. La vie est faite d'une alternance d'ouvertures et de fermetures, d'accélérations et de ralentissements (contractions du cœur, rythme respiratoire, fonctionnement du tube digestif, etc.). Normalement l'action des deux systèmes s'équilibre, et tout va bien. Mais si l'un prend le pas sur l'autre, des troubles apparaissent. Si c'est l'orthosympathique qui prédomine par exemple, le cœur s'accélère, le rythme respiratoire augmente, une diarrhée survient. À l'inverse, si c'est le parasympathique qui l'emporte, apparaissent un ralentissement des rythmes cardiaques et des intestins.

Ces phénomènes concernent l'ensemble des muscles involontaires - muscles lisses présents dans la paroi de nombreux organes (utérus, intestin, bronche, vésicule, vaisseaux sanguins, etc.) dont la contraction est involontaire ou autonome. Cela explique que des groupes musculaires situés dans le dos, entre les côtes, sur les parois abdominales ou les cuisses puissent être concernés, d'où des courbatures, des douleurs sans cause, etc.

L'hyperexcitabilité neuromusculaire signifie que la jonction entre les filets nerveux (fibres qui sont le prolongement des neurones) et les fibres musculaires (là où passe le « courant ») est plus sensible. Il faut donc un plus petit « courant électrique » pour provoquer la contraction du muscle. Cet abaissement excessif du seuil d'excitabilité provoque des contractions spontanées des muscles involontaires, et par .conséquent les troubles dont se plaignent les spasmophiles. Cette facilitation est due à une distorsion, à une mauvaise utilisation des ions calcium et magnésium au niveau de la plaque neuromusculaire. Le plus fréquemment, c'est le manque de magnésium qui est en cause, mais il peut aussi être associé à un déficit en calcium.

L'électromyogramme est un examen électrique indolore qui permet de confirmer cette hyperexcitabilité neuromusculaire et de la mesurer en suivant une cotation que les Drs Belaiche, Floresco et moi-même avons mise au point il y a plus de vingt ans.

La nicotine, ennemi des spasmophiles
Un des plus puissants parasympathicotoniques (qui renforce l'action du parasympathique) est la nicotine contenue dans le tabac. Donc, si vous êtes susceptible de souffrir de spasmophilie, la cigarette augmente vos troubles puisqu'elle dérègle le système nerveux autonome. Finissez-en une fois pour toutes avec cette mauvaise habitude.

mercredi 22 août 2012

La spasmophilie est-elle une maladie à la mode ?


En 1985, j'ai écrit avec le Dr Charles Houri dans Fatigué, êtes-vous spasmophile? (éditions du Dauphin) qu'il y avait en France 7 millions de spasmophiles. Depuis, la situation n'a fait que s'aggraver puisque j'estime actuellement ce chiffre à 10 millions : environ 14 % de la population - en majorité des femmes - se plaint de troubles rattachés à la spasmophilie. Cette affection de plus en plus fréquente est relativement mystérieuse car il ne s'agit pas réellement d'une maladie au sens strict du terme. Médicalement, une maladie est définie par un ensemble de symptômes typiques omniprésents et similaires. Dans le cas de la spasmophilie, il en va autrement car le nombre des symptômes est très grand, et leur présence variable et cyclique. Ce n'est qu'exceptionnellement que s'observe chez un patient spasmophilie l'ensemble des signes de son affection. La plupart du temps, celle-ci se caractérise par la concordance de deux ou trois signes ou se dévoile lors de l'écoute attentive d'une personne qui en explique l'enchaînement et la récurrence pendant de nombreuses années.

Le concept même de spasmophilie est discuté dans le corps médical français, et européen latin en général. En revanche, il est rejeté par le corps médical anglo-saxon, qui ne voit là qu'un trouble psychiatrique dénommé (à tort) «attaque de panique». Cette interprétation est très restrictive, comme en témoigne l'exposé des signes de la spasmophilie. Ceci est d'ailleurs lourd de conséquences car le traitement envisagé est forcément lié à la perception médicale de la cause des troubles. Si celle-ci est psychiatrique, le traitement consiste à traiter des troubles en définitive plutôt psychosomatiques avec des remèdes relevant de la psychiatrie - ce qui est une aberration.


Quoi qu'il en soit, les spasmophilies, bien qu'en «bonne santé», souffrent autant physiquement que moralement car à leurs troubles physiques s'ajoutent une incompréhension et un sentiment d'injustice. Et, surtout, les médecins ne trouvent souvent pas d'explication à leurs troubles.


mardi 21 août 2012

Amis spasmophiles, bonjour !


Dans le passé j’ai écrit 3 livres principaux sur la spasmophilie et j’ai fait mention de cette affection dans mes autres livres.

Malgré cela, de nombreux patients ignorent tout de la spasmophilie, j’ai donc décidé d’y consacrer un blog dans lequel je vous apporterai toutes sortes d’explications en me basant sur mes ouvrages « Soigner la spasmophilie » Editions Solar, « Spasmophilie – mythe ou réalité ? » Presse de Valmy, « Fatigué, êtes-vous spasmophile ? » Editions du Dauphin.