lundi 12 décembre 2016

Spasmophile un jour, Spasmophile toujours !


SPASMOPHILE UN JOUR, SPASMOPHILE TOUJOURS !

Souvent les patients me demandent : «  mais comment suis-je devenu spasmophile ? »
En réalité on ne devient pas spasmophile car la spasmophilie ne « s’attrape » pas comme la grippe, on est spasmophile de naissance ou on ne l’est pas. N’est pas spasmophile qui veut ! La spasmophilie est un état, souvent familial et héréditaire, le plus fréquemment transmis par les femmes qui reste le plus souvent quasiment silencieux, inapparent, sans trouble, pendant de longues années. 

En général les troubles n’apparaissent la plupart du temps qu’à partir de 15 ou 16 ans et le plus souvent c’est vers 25 ou 30 ans qu’ils se déclarent, parfois brutalement, à la suite d’un stress.

Le stress est une agression fréquemment d’origine extérieure à l’organisme qui peut être due à de multiples causes. Ces causes peuvent être climatiques comme un excès de chaleur ou un excès de froid ou une tempête etc... Elles peuvent être physiques comme une chute, une fracture, une intervention chirurgicale ou une extraction dentaire etc… Elles peuvent être aussi d’origines psychologique comme un deuil, une mauvaise nouvelle, une dispute, une frayeur etc…

Souvent l’apparition des troubles va être due à un évènement inaugural aigu comme une intervention chirurgicale ou une dispute violente. Mais elle peut aussi être due à l’accumulation et à la répétition de petits stress répétés comme par exemple une mésentente familiale ou professionnelle ou de douleurs répétitives de n’importe quelle origine (dentaire, abdominale, etc…).
Parfois la 1er crise d’un spasmophile est la conséquence du stress physique de l’accouchement pendant lequel le corps et surtout le crane de bébé sont aplatis et comprimés. Cette première crise peut se manifester alors par une forme de spasme laryngé du nourrisson.

Quoi qu’il en soit et quel que soit la cause déclenchante, les troubles peuvent apparaitre brutalement, du jour au lendemain, dans certains cas mais dans d’autre cas les troubles apparaissent progressivement sur quelques mois voire quelques années avec des hauts et des bas.

Dans tous les cas  ces troubles sont désorientant car ils revêtent de multiples aspects différents et surtout variables, ce qui est  toujours très perturbant pour le patient et les médecins.

En effet, le patient se plaint de troubles « baladeurs » dont la médecine ne trouve pas de causes objectives, par exemple des sensations d’oppressions thoraciques ou de palpitations cardiaques qui font place à des sensations de « boule » dans la gorge ou à des troubles intestinaux ou à des douleurs  cervicales ou dorsales etc…

Tout cela traduit l’apparition d’un dérèglement du système nerveux sympathique, d’un déséquilibre entre l’ortho-sympathique (accélérateur et dilatateur) et le système para-sympathique  (ralentisseur et constricteur).

Chez tous les êtres humains le réglage de l’ensemble des fonctions involontaires et automatiques (circulation, respiration…) est commandé par ce système nerveux sympathique où habituellement il existe un équilibre entre ortho et para sympathique ce qui assure un fonctionnement harmonieux de tout ce qui « marche » automatiquement dans l’organisme.

Chez les spasmophiles il existe une prédisposition au déséquilibre de ce système ce qui explique l’apparition de troubles sans causes médicales apparentes.

Lorsque, grâce à un traitement adapté et suffisamment long, le système nerveux sympathique du spasmophile a retrouvé son équilibre, l’ensemble de ces troubles disparait progressivement.

Mais attention la spasmophilie est toujours là, invisible, prête à se remanifester si dans quelques temps le patient se trouve de nouveau fragilisé et confronté à une situation de stress intense.

Donc je peux dire que la spasmophilie est un état, que le spasmophile d’un jour est un spasmophile potentiellement de toujours et qu’il doit se protéger autant que possible des situations de stress qui risquent de déstabiliser son système nerveux sympathique instable de naissance.

Docteur Jean-Claude Houdret

Dans quelques semaines je reviendrai sur la description des troubles de la spasmophilie qui demeurent mystérieux.