lundi 3 septembre 2012

Qu'est-ce que la spasmophilie ?


Cette affection existe dans tous les pays du monde, quels que soient le sexe et le milieu. Elle est cependant trois à quatre fois plus fréquente chez la femme, probablement en raison de l'imprégnation cyclique oestrogénique qui favorise son excitabilité neuromusculaire. Elle touche surtout l'adulte jeune, mais se rencontre aussi chez l'enfant, voire le bébé, et chez les personnes d'âge mûr - elle se raréfie cependant après 60 ans. L'enfant spasmophile a un comportement particulier, qui se traduit notamment par une irritabilité, des cauchemars, des rêvasseries et une instabilité psychomotrice. Environ un tiers des spasmophiles sont des hommes jeunes, les autres sont des femmes de tout âge dont les troubles s'estompent après la ménopause. La spasmophilie a volontiers un caractère familial, dont la transmission se fait par les femmes. L'enfant d'une personne spasmophile a deux risques sur trois de l'être à son tour.

Cette affection peut rester latente et muette pendant des années : il s'agit de la période « compensée ». La décompensation, provoquant l'apparition des troubles, se révèle presque toujours à la suite d'un événement déclencheur « traumatisant ». Ce terme vague doit être entendu dans un sens très large, psychoaffectif ou physique : cela va des chocs moraux - émotions vives, situation conflictuelle ou surmenage - à des agressions physiques tels un accident ou une intervention chirurgicale, même bénigne. Le facteur déclenchant peut être d'ordre physiologique, comme une croissance rapide, une grossesse ou l'allaitement, des diarrhées chroniques, des perturbations de l'alimentation, etc. Dans certains cas, la prise d'un contraceptif oral n'est certainement pas étrangère à l'aggravation des symptômes.

LE SAVIEZ-VOUS ?
Les troubles spasmophiliques varient en fonction des saisons, et tous les spasmophiles connaissent les aggravations du printemps et de l'automne. De même, dans la vie des spasmophiles existent des périodes d'accalmie où pendant des années les troubles s'amenuisent et souvent disparaissent. Ils sont cependant susceptibles de ressurgir à l'occasion d'une décompensation ultérieure consécutive à un facteur déclencheur.

Il n'y a pas de définition officielle de la spasmophilie, son nom même semble étrange puisqu'il signifie « ami des spasmes ». Il vaudrait mieux parler de « spasmopathie » car il s'agit plutôt de la « maladie des spasmes ». Je la définis comme un syndrome, ou ensemble de signes, neurovégétatif fondé sur l'hyperexcitabilité neuromusculaire due au déséquilibre entre l'orthosympathique et le parasympathique. Le système nerveux sympathique fait partie de notre système nerveux. On dit qu'il est « autonome » car il fonctionne de manière involontaire. Ce système est indispensable à de nombreuses activités physiologiques de notre organisme. C'est lui qui, par exemple, provoque l'accélération de vos pulsations cardiaques ou vous fait transpirer lors d'une situation de stress. Mais ce système nerveux sympathique est, comme d'autres mécanismes du corps humain, en équilibre avec un autre système, le système nerveux parasympathique. Les personnes qui souffrent d'un dérèglement de ce système sont plus réactives que d'autres aux situations de stress. Les personnes plus calmes bénéficient généralement d'un système parasympathique mieux équilibré, ou ont appris à se contrôler par des techniques comme la méditation, le yoga, etc. L'orthosympathique conditionne l'accélération et la dilatation des vaisseaux, des viscères, etc. Le parasympathique, lui, en régule la rétractation et le ralentissement. La vie est faite d'une alternance d'ouvertures et de fermetures, d'accélérations et de ralentissements (contractions du cœur, rythme respiratoire, fonctionnement du tube digestif, etc.). Normalement l'action des deux systèmes s'équilibre, et tout va bien. Mais si l'un prend le pas sur l'autre, des troubles apparaissent. Si c'est l'orthosympathique qui prédomine par exemple, le cœur s'accélère, le rythme respiratoire augmente, une diarrhée survient. À l'inverse, si c'est le parasympathique qui l'emporte, apparaissent un ralentissement des rythmes cardiaques et des intestins.

Ces phénomènes concernent l'ensemble des muscles involontaires - muscles lisses présents dans la paroi de nombreux organes (utérus, intestin, bronche, vésicule, vaisseaux sanguins, etc.) dont la contraction est involontaire ou autonome. Cela explique que des groupes musculaires situés dans le dos, entre les côtes, sur les parois abdominales ou les cuisses puissent être concernés, d'où des courbatures, des douleurs sans cause, etc.

L'hyperexcitabilité neuromusculaire signifie que la jonction entre les filets nerveux (fibres qui sont le prolongement des neurones) et les fibres musculaires (là où passe le « courant ») est plus sensible. Il faut donc un plus petit « courant électrique » pour provoquer la contraction du muscle. Cet abaissement excessif du seuil d'excitabilité provoque des contractions spontanées des muscles involontaires, et par .conséquent les troubles dont se plaignent les spasmophiles. Cette facilitation est due à une distorsion, à une mauvaise utilisation des ions calcium et magnésium au niveau de la plaque neuromusculaire. Le plus fréquemment, c'est le manque de magnésium qui est en cause, mais il peut aussi être associé à un déficit en calcium.

L'électromyogramme est un examen électrique indolore qui permet de confirmer cette hyperexcitabilité neuromusculaire et de la mesurer en suivant une cotation que les Drs Belaiche, Floresco et moi-même avons mise au point il y a plus de vingt ans.

La nicotine, ennemi des spasmophiles
Un des plus puissants parasympathicotoniques (qui renforce l'action du parasympathique) est la nicotine contenue dans le tabac. Donc, si vous êtes susceptible de souffrir de spasmophilie, la cigarette augmente vos troubles puisqu'elle dérègle le système nerveux autonome. Finissez-en une fois pour toutes avec cette mauvaise habitude.