En 1985, j'ai écrit avec le Dr Charles Houri dans Fatigué, êtes-vous spasmophile? (éditions du Dauphin) qu'il y avait en France 7 millions de spasmophiles. Depuis, la
situation n'a fait que
s'aggraver puisque j'estime actuellement ce chiffre à 10 millions : environ 14
% de la population - en majorité des femmes -
se plaint de troubles rattachés à la spasmophilie. Cette
affection de plus en plus fréquente est relativement mystérieuse car il ne s'agit pas réellement d'une maladie au sens strict
du terme. Médicalement, une maladie est définie par un ensemble de symptômes typiques omniprésents et similaires. Dans
le cas de la spasmophilie, il en va autrement car le nombre des symptômes est très grand, et
leur présence variable et cyclique.
Ce n'est qu'exceptionnellement que s'observe chez un patient spasmophilie
l'ensemble des signes de son affection. La plupart du temps,
celle-ci se caractérise par la concordance de deux ou trois
signes ou se dévoile lors de l'écoute attentive d'une personne
qui en explique l'enchaînement et la récurrence pendant
de nombreuses années.
Le
concept même de spasmophilie est discuté dans le corps médical français, et
européen latin en général. En revanche, il est rejeté par le corps médical anglo-saxon,
qui ne voit là qu'un trouble psychiatrique dénommé (à tort) «attaque de panique». Cette interprétation est très restrictive, comme en témoigne l'exposé des signes de la spasmophilie. Ceci est d'ailleurs lourd de conséquences car le traitement envisagé est forcément lié à la perception médicale de la cause des troubles. Si
celle-ci est psychiatrique, le traitement consiste à traiter des troubles en définitive plutôt psychosomatiques avec des remèdes relevant de la psychiatrie - ce
qui est une aberration.
Quoi qu'il en soit, les spasmophilies, bien qu'en «bonne
santé», souffrent autant physiquement que
moralement car à leurs troubles physiques s'ajoutent une incompréhension
et un sentiment d'injustice. Et, surtout, les médecins ne trouvent souvent pas
d'explication à leurs troubles.